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ANALYSE DES ÉLÉMENTS OBSERVÉS

L’état des lieux et les rencontres individuelles ont révélé des difficultés qui dépassent le problème de communication entre deux salariés. Un effort de médiation est cependant désiré par les deux parties et son issue positive est envisageable.
Les éléments d’informations récoltés mettent l’accent sur le sur-handicap de Mr T. associant surdité et déficience intellectuelle.

La surdité peut parfois être couplée à des troubles cognitifs et/ou un retard mental. En effet, l’accès barré au langage (verbal et non verbal) ralentit les fonctions d’abstraction (diminution des capacités d’imaginaire, de symbolique, de reconnaissance des émotions), perturbe la relation au temps et à l’espace et peut générer des troubles du schéma corporel.
Des dires de l’interprète en langue des signes, Mr T. « ne signe pas correctement ». Certains mots sont inaccessibles à sa compréhension, même épelés phonétiquement (exemple : le terme « émotion » n’avait pas de sens pour lui).

CONTEXTE DE LA DEMANDE

La demande émane du Dr B. médecin du travail, dont le rôle est central dans la prévention des risques professionnels, la détection et l’analyse des facteurs générateurs de stress au travail (cf. article R4623-1 du Code du Travail) et le maintien à l’emploi des travailleurs handicapés.

A ce titre, le Dr B. a été informé de difficultés relationnelles et professionnelles entre deux salariés du Service Courrier de l’entreprise : Monsieur T., ayant un handicap de surdité, et Monsieur C., son supérieur direct.
Les premières analyses de la situation préconisent un accompagnement axé sur la communication et la résolution des conflits.

Les objectifs étaient :

  • Rétablir une communication apaisée et efficace entre les parties
  • Analyser leurs intérêts et besoins –
  • Rechercher une posture consensuelle et trouver une solution commune

PRÉCONISATIONS

Pour Monsieur T.

  1. Évaluation des capacités cognitives et de travail. Afin de mettre en place un projet individualisé (de formation, de maintien dans l’emploi ou d’orientation professionnelle), l’évaluation portera sur différents facteurs de la situation concernée (sexe/âge ; pathologies/déficiences ; niveaux de capacités ; facteurs contextuels, besoins évalués, attentes de la personne, …)
  2. Accompagnement psychologique individuel. La déficience intellectuelle de Mr R., associée aux difficultés que la surdité entraîne dans la relation à l’autre, génèrent des situations particulièrement anxiogènes. Et peuvent provoquer des comportements inadaptés, socialement et professionnellement. Le soutien psychologique, réalisé par un psychologue clinicien spécialisé dans l’accompagnement des personnes déficientes, devra maîtriser la langue des signes afin de faciliter les échanges et d’étayer la relation. L’objectif est de décentrer l’accrochage affectif du lieu de travail afin de créer des relations professionnelles sereines et socialisantes.
  3. Réadaptation du poste de travail.  Il est important d’envisager une adaptation des conditions de travail de Mr R., en adéquation avec la déficience et la surdité (communication avec pictogrammes, organisation des tâches, gestion de ses ressources par le tutorat).

Pour Monsieur B.

  • Préconisation : Accession aux fonctions de tuteur.

Le besoin de reconnaissance de la forte implication que demande le maintien à l’emploi d’une personne en situation de sur-handicap, pourrait trouver sa légitimité dans le cadre d’un tutorat.
Mr B. trouverait ainsi dans cette fonction la satisfaction de son besoin de compréhension (par les formations au tutorat), de reconnaissance et de cohésion d’équipe (le lien étant de nouveau possible).