Les pratiques professionnelles en IME

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Le Journal des Psychologues, numéro 357 du mois de octobre 2017, aborde la complexité des missions des IME.

Leurs évolutions et l’adaptation du rôle du psychologue dans ces espaces institutionnels, sont traitées à travers 6 articles, forts intéressants.

L’un d’entre eux a retenu notre intérêt, car il témoigne de l’exercice de notre spécialité, l’animation d’analyses des pratiques. Nous y retrouvons, sous la plume de Michel PAUC et Maurice VILLARD, à la fois nos ambitions pédagogiques et nos questionnements sur les contraintes et résistances qui pèsent sur cet exercice.

Parmi les résistances des groupes à la mise en réflexion de leurs pratiques, il y a certes les lignes défensives propres au groupe, mais ces butées se lèvent généralement grâce aux outils d’un cadre rassurant, propice à la confiance et au respect de chacun.

L’institution peut symboliser longtemps un rempart contre la (re)mise en question des pratiques professionnelles, au travers de plaintes qui peuvent envahir l’espace de l’analyse des pratiques. Comment repérer ce qui est de la résistance et ce qui devient réellement un impossible à penser ou une nécessité de se rebeller ?

L’article de M. PAUC et M. VILLARD propose d’étayer notre réflexion, au travers ici des particularités des IME. Notre expérience les retrouve dans bien des établissements du secteur médico-social.

Nous vous offrons cet article afin d’ouvrir de nouvelles aires de respiration dans votre gestion des groupes et votre accompagnement des équipes. Parce que réintégrer « la part de rêve », comme le disait Claude Allione (2005), dans les analyses des pratiques, commence certainement par la capacité de l’animateur à rêver à nouveau l’institution et le groupe, au-delà des changements de paradigmes.

JDP 352 – APP en IME

Pauc, Michel, et Maurice Villard. « Réflexions à partir d’analyses de la pratique en ime », Le Journal des psychologues, vol. 352, no. 10, 2017, pp. 29-33.

Souffrance au travail : sortir de la victimologie

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Le Monde.fr : Les risques psychosociaux ont été instrumentalisés et ont masqué l’enjeu politique des conflits en entreprise, selon la psychologue du travail Lise Gaignard.

Lise Gaignard lance un pavé dans les usages réels des stratégies de prévention des Risques Psycho-Sociaux et la Qualité de Vie au Travail (RPS/QVT). Elle dénonce l’instrumentalisation des psychologues et des médecins par les institutions qui préfèrent masquer les dysfonctionnements institutionnels et managériaux plutôt qu’y remédier.

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INTERSTICE fait le même constat, tout en précisant la pertinence de la présence des psychologues, si tant est qu’on ne leur demande pas de sauver le monde du travail ou de réparer les préjudices causés par des organisations défaillantes.

La place du psychologue se situe dans l’accompagnement de la souffrance, qu’elle soit issue du travail ou des heurts de la vie personnelle. Cet accompagnement, et c’est l’art du clinicien, soutient la subjectivité quand la souffrance la brise.

Mais baser la prévention des Risques Psychosociaux sur le seul accompagnement des salariés en souffrance, ou la Qualité de Vie au Travail sur leur seul bien-être, c’est réduire le travail à un pointage horaire et le mal-être à l’absentéisme.

Une réelle prévention des Risques Psychosociaux et les stratégies efficientes de Qualité de Vie au Travail ne peuvent faire l’économie de l’analyse des dysfonctionnements institutionnels et managériaux qui prédisposent aux souffrances.

Parmi les remédiations nécessaires, il y a l’aspect médico-psy bien sûr, mais lui seul ne peut se substituer aux solutions managériales et organisationnelles.

Source : Souffrance au travail : oubliez le psychologue !

INTERSTICE participe au rendez-vous des professionnels du prendre soin – 12 & 13 nov 2015

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Agevillage et les Instituts Gineste-Marescotti organisent ces journées  afin de mettre en lumière et porter à la connaissance des professionnels, des médias et du grand public, des initiatives liées à la bientraitance.

 

Le 7eme colloque de la formation professionnelle aura lieu à la Cité des Sciences du Parc de la Villette, les 12 & 13 novembre 2015.

Sa thématique, « Approches non-médicamenteuses de la maladie d’Alzheimer ; Prendre-soin et milieux de vie » réunit 30 experts et 30 exposants autour de 3 axes :

  • PHILOSOPHIE – ÉTHIQUE
  • NUTRITION – RESTAURATION
  • PRENDRE SOIN EN FRANCE ET À L’INTERNATIONAL

INTERSTICE, organisme de formation porté par l’éthique de son cabinet de psychologues, s’inscrit en soutien des établissements dans leurs démarches de Bientraitance et de Qualité de Vie au Travail.

Nous serons présents au Stand n°15, venez nous rencontrer !

Nous présenterons notre méthodologie d’Analyse des Pratiques Professionnelles et nos outils de Qualité de Vie au Travail.

 

 

 

Alzheimer : pourquoi il faut soutenir les aidants

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En cette journée mondiale consacrée à la maladie, France Alzheimer lance un appel en faveur de ceux qui accompagnent un proche malade au quotidien.

Source : Alzheimer : pourquoi il faut soutenir les aidants

 

Quatre millions de personnes en France prennent soin d’une personne dépendante. 

L’aide se fait essentiellement à des membres de la famille proche. On peut noter un poids plus important pour l’accompagnement des parents (41%) ou des conjoint(e)s (32%). Pour ces aidants dits « familiaux », prendre en charge au quotidien une ­personne dépendante induit des sacrifices personnels, professionnels ou financiers.

On commence seulement à mesurer l’impact de cet investissement sur la santé physique et le moral de ces aidants : un aidant sur deux se trouve affecté par du stress, des troubles du sommeil et de la dépression. Le syndrome d’épuisement psychique (« burn out ») n’est jamais loin.

Selon les résultats de l’enquête « Résultats de l’enquête nationale à destination des aidants – Association Française des Aidants »(10/12/13), 51% des aidants familiaux souhaiteraient que leur entourage prenne parfois le relai auprès de leur proche.

Certainement par manque d’information, 45% n’ont jamais fait appel à l’accueil temporaire et estiment ne pas avoir suffisamment de temps pour eux. De même, 7 sur 10 ne reçoivent pas suffisamment d’informations sur leur propre situation (santé, vie quotidienne), ce qui témoigne que leur propre bien-être passe après celui de leur parent malade.

Or, Les aidants familiaux jouent un rôle essentiel dans le maintien à domicile des personnes dépendantes et/ou handicapées (âgées ou non).

 

L’aide à l’apprentissage du travail d’aidant.

Source : INTERSTICE, Brochure des formations aux aidants familiaux, 2015

L’accompagnement des aidants familiaux est un enjeu important, tant pour leur propre santé que dans la qualité des maintiens au domicile des parents dépendants et fragilisés.

Le gouvernement, a l’initiative de son Ministère de la Santé et des Solidarités, a crée des dispositifs d’aides financières et de relais institutionnels, référencés dans son « guide d’aide aux aidants ». Mais le quotidien des aidants familiaux est surtout celui de la maladie, ses effets sur leur proche, ses effets sur la relation et toutes les situations difficiles génératrices de stress et de souffrance.

Toujours selon cette même enquête, les aidants estiment qu’il est difficile de comprendre l’évolution de la maladie (56%) ainsi que les conséquences sur la relation avec leur proche (43%).

70% ressentent le besoin d’être plus informés, notamment par le biais de services compétents.

Le programme INTERSTICE.

INTERSTICE utilise dans ses programmes d’aide aux aidants les principes pédagogiques de la psychoéducation : comprendre pour agir au mieux.

Selon Pinquart et Sörensen (2006), les résultats de nombreuses études sur le terrain démontrent que les interventions psychoéducatives permettent de réduire de façon importante le fardeau des aidants, la dépression, ainsi que les symptômes négatifs éprouvés par les bénéficiaires de soins.

Une recherche effectuée par l’équipe de la Chaire Desjardins (Canada) en soins infirmiers à la personne âgée et à la famille auprès d’une centaine de proches aidants dont le parent était atteint de la maladie d’Alzheimer, a démontré des effets positifs d’un programme éducatif et de soutien sur plusieurs aspects de la qualité de vie des aidants.

Les aidants ayant participé à ce programme étaient plus confiants face à leur nouveau rôle et se percevaient plus efficaces et mieux préparés à prodiguer les soins requis par leur parent que ceux qui n’y avaient pas participé.

Ils se sentaient aussi davantage capables de planifier leur situation future, avaient une meilleure connaissance des services disponibles et faisaient un usage plus fréquent de stratégies d’adaptation efficaces pour composer avec leurs difficultés quotidiennes. Tous ont fait part de l’importance de les outiller dès le début de leur parcours d’aidant.

Notre programme d’accompagnement est largement inspiré des travaux canadiens, tant dans leurs principes éthiques que leurs aspects pratiques.

QVT : la motivation, nouvelle étude de l’UQAM

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Une démarche de qualité de vie de travail a pour enjeu le développement de l’attractivité de l’entreprise, l’amélioration de la créativité, de l’engagement, de la motivation professionnelle et de la fidélisation des salariés, tout autant que la réduction des effets destructeurs et pathogènes du stress au travail.

Dans le chapitre « Motivation professionnelle » des stratégies de Qualité de Vie au Travail (QVT), de nombreuses études internationales la définissent comme un levier de performance économique des plus faciles et des moins onéreux à mettre en œuvre pour les organisations.

Encore faut- il ne pas se tromper dans la liste des leviers utilisés !

Le professeur Jacques Forest, du Département d’organisation et ressources humaines de l’UQAM (Université du Québec à Montréal) déboulonne certains mythes et autres idées préconçues, et l’article paru sur sa recherche est particulièrement intéressant dès lors que les stratégies QVT souhaitent placer l’individu au centre de la performativité entrepreneuriale.

«L’âge, le sexe, le niveau d’emploi, le secteur d’activités et la langue n’ont aucun impact sur l’importance des cinq types de motivation».

«Les motivations monétaires ou celles visant l’estime de soi ou l’égo (sociales) sont ainsi moins bénéfiques que celles qui nous amènent à trouver un sens à notre travail et du plaisir.»

JACQUES FOREST, PROFESSEUR AU DÉPARTEMENT D’ORGANISATION ET RESSOURCES HUMAINES

Source : Actualités UQAM | Une étude internationale confirme que les motivations au travail sont les mêmes pour tous les travailleurs

Traumatisme vicariant : la souffrance des soignants

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Ce qu’on nomme  le burn-out, ou épuisement professionnel, est classiquement reconnu comme étant causé par une augmentation de la charge de travail ainsi que par des stresseurs organisationnels. Cependant, concernant les métiers de la relation d’aide, ces facteurs ne suffisent pas à expliquer le profond mal-être des professionnels.

En se basant sur la notion d’apprentissage vicariant, qui consiste à apprendre par observation, les arcanes de la souffrance particulière liée à la relation d’aide trouvaient là une certaine résonance. Le stress qui menait à cette « dépression professionnelle » avait une autre cause, non reconnue jusqu’alors : le matériel traumatique apporté par les patients.

L’écoute n’est jamais sans effets sur l’écoutant

Dans la notion de trauma, la question de l’expérience de mort est prédominante. Ses effets délétères créent une multiplicité de comorbidités, affectant l’être entier dans ses relations à lui-même et au monde : syndrome post-traumatique : sidération, altération des fonctions cognitives,  troubles de l’humeur, somatisations, insomnies, hypervigilance, etc.

L’accompagnement des victimes de traumas passe essentiellement par l’écoute empathique et la relation d’aide. Or, le discours est le porteur de l’effroi de la mort, de la désintégration de l’identité physique et/ou psychique. Ces récits traumatiques, portés par les détails sensoriels, ont des premières vertus cathartiques pour les patients. Mais ils génèrent peu à peu des changements chez l’accompagnant ; ce qui a menacé leur vie ou leur intégrité physique ou psychique va atteindre insidieusement leurs accompagnateurs médicosociaux, au niveau cognitif, émotionnel, comportemental, relationnel et spirituel.

La vision du monde des professionnels travaillant de façon régulière avec des personnes ayant vécu un événement traumatique subit peu à peu des altérations.

Usés par le matériel traumatisant rapporté par les victimes accompagnées, les professionnels souffrent alors de ce qui est nommé traumatisme vicariant ou d’usure par compassion.

UN CONCEPT QUEBEQUOIS A LA PORTEE  UNIVERSELLE

Ce concept de traumatisme vicariant, ou traumatisme secondaire, été proposé par deux psychologues, Laurie PEARLMAN et Karen SAATVINE, dans les années 1990. Les principales recherches et les apports les plus conséquents sur le traumatisme vicariant sont nés de l’accompagnement des victimes de violences et  d’actes de torture.

Il s’agit d’un traumatisme secondaire, car si l’intervenant n’a pas vécu le traumatisme, il en ressent néanmoins les séquelles, par identification et compassion[1].

« Le processus de traumatisation vicariante est une violation répétée de nos convictions, valeurs et croyances. Il modifie le travail accompli par la lentille appelée « cadre de référence personnel ». » (Christine  Perreault, psychologue au Service correctionnel du Canada)

Les effets de ce « traumatisme par compassion » peuvent ressembler aux signes d’un syndrome post-traumatique ou d’une dépression. Ils ont des répercussions dans toutes les sphères de la vie du professionnel : insomnies et/ou cauchemars à  répétition, hypersensibilité, vigilance accrue, nervosité, ou au contraire repli sur soi, désinvestissement des relations menant à une déshumanisation du lien et un isolement de plus en plus dépressogène.

La clinique du psychotrauma faisait mention déjà de l’existence d’un traumatisme secondaire, quand les personnes ayant vu ou entendu le récit d’une catastrophe touchant l’un de leurs proches, présentaient elles aussi les signes d’un état de choc.

Le traumatisme vicariant porte son attention sur les professionnels de l’aide qui entendent des récits de souffrances de victimes ou de patients, assistent aux effets quotidiens d’une maladie, vivent avec la mort imminente de l’un d’entre eux…  et doivent continuer malgré tout à aider et soutenir, avec empathie.

LES FACTEURS DE RISQUES

–       des antécédents de violence dans la vie personnelle du professionnel

–       une fréquence élevée  d’exposition aux récits de souffrance

–       peu de temps de récupération

–       peu ou pas de temps de réflexion institutionnelle (supervision et analyse des pratiques)

Les solutions sont donc simple à mettre en place, dès lors que le traumatisme vicariant sera mieux (re)connu et conscientisé comme un réel risque psycho-social spécifique aux métiers de la relation d’aide.

En savoir plus :

Traumatisme vicariant : quand la compassion use…

Le TUC : un test d’usure par compassion

Articles :

[1] L’empathie n’est pas la compassion. Voir l’article « L’empathie, jusqu’où ? »

Petit précis d’empathie

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Élément princeps de la relation d’aide, la notion d’empathie mérite quelques précisions quant à sa définition.

L’empathie : jusqu’où est-ce de l’empathie ?

À quel moment de la relation d’aide l’empathie est-elle en péril ?

 

A           PATHIE Ne perçoit pas la détresse
ANTI     PATHIE Minimise la détresse
SYM     PATHIE Partage la détresse
EM        PATHIE Comprend la détresse sans la partager

 

Efficacité comparée des quatre attitudes dans une relation d’aide

Une bonne manière de comprendre ce qu’apporte l’expression d’empathie dans la relation est de comparer l’impact de chacune des quatre attitudes selon les trois axes suivants : l’écoute, la compréhension et l’aide apportée.

Que dit notre attitude de notre capacité d’écoute au sens large, c’est-à-dire la faculté de capter le ressenti, la joie ou la détresse du patient ?

Qu’indique notre attitude de notre capacité à comprendre sans porter de jugement, ce que pense, ressent et fait le patient ?

Quel degré de liberté nous laisse notre attitude pour aider le patient à dissiper une part de sa détresse ?

ÉCOUTE COMPRÉHENSION AIDE
APATHIE

ANTIPATHIE

X

SYMPATHIE

X

X

EMPATHIE

X

X

X

 

Un vieux modèle pour promouvoir une nouvelle compréhension

YERKES et DODSON ont montré, dès 1908, les conséquences de l’évolution du niveau d’anxiété sur les performances mentales.

Ils obtiennent une courbe en forme de cloche :

yerkes et dodson

À de faibles niveaux de stress et d’anxiété, de même qu’à des niveaux élevés, les fonctions cognitives et la motivation sont peu performantes : les capacités d’attention, de concentration, de compréhension, de réflexion et de mémorisation sont réduites.

Le stress apparaît quand la situation complexe dépasse le pic de la gestion optimale : les capacités cognitives sont dépassées, les symptômes du stress apparaissent.

Adaptée à la relation d’aide, cette courbe de YERKE et DODSON permet de comprendre qu’avant  même de pouvoir communiquer des informations ou de partager un point de vue, il faut que l’individu-récepteur soit en mesure de recevoir ces informations.

L’expression de l’empathie, en participant au soulagement de la détresse (écoute, compréhension, aide), ramène le stress et l’anxiété à un niveau compatible avec un meilleur fonctionnement cognitif. Elle facilite la communication et la transmission d’informations aux patients.